RENCONTRES TIBETAINES

La légende rapporte qu'un important royaume fut créé au Tibet méridional par la dynastie de Yarlung (qui se prétendait issue du ciel) vers le VIIème siècle avant J.C.

VIIème siècle--IXème siècle
En réalité, le pouvoir tibétain apparaît avec SONGTSEN GAMPO (610-649) qui fut le premier grand roi et unificateur du Tibet :

- création d'une administration d'Etat efficace avec Lhassa comme capitale
- agrandissement des frontières du royaume
- implantation du bouddhisme au Tibet (en concurrence avec la religion chamaniste Bön)
- institution d'un système d'écriture sur la base du sanscrit (écriture encore actuellement en usage), ce qui a prédisposé la civilisation tibétaine naissante à s'imprégner de littérature, de pensée et de religion indiennes
- sous le règne du roi Tri Relpatchen, le bouddhisme est déclaré religion officielle.

Ce royaume est indépendant jusqu'au milieu du IXème siècle.

Du IXème au XIème siècle
Le royaume est en crise. Le roi Langdarma est assassiné. Suit une période de chaos politique. Le Tibet perd son organisation d'Etat unifié, voit le retour de la religion Bön et la corruption des survivances du bouddhisme.

Au XIème siècle
Renaissance civile et religieuse avec RINCHEN SANGPO (958-1055). De nombreux grands monastères deviennent les vrais foyers de la vie sociale et culturelle. La renaissance du bouddhisme au Tibet fut l'œuvre de grands maîtres indiens (Atisha) ou tibétains (Marpa, Milarepa, Gampopa).

Au XIIIème siècle
Association politique avec les souverains mongols : début des relations dites "Bienfaiteurs et Maîtres Spirituels" (en tibétain : relation TcheuYön)

Tibet « historique », à gauche, région autonome crée en 1965 par la Chine

Au XIVème et XVème siècles
Constitution progressive d'un pouvoir centralisateur théocratique :

-réformes de TSONG KHA PA (1357-1419) qui va rassembler autour de lui un groupe de disciples et reconstituer un nouvel ordre monastique, les Gelugpa (bonnets jaunes, ou "vertueux"), qui va devenir un ordre puissant, le mieux organisé et le plus important du Tibet
- fondation des monastères les plus importants : Ganden, Drepung, Sera, et Tashilumpo
- SONAM GYATSO, 3ème chef suprême des Gelugpa reçoit le titre mongol de Dalaï Lama par le roi Altan Khan. Le mode de succession des Dalaï Lamas est désormais assuré par réincarnation.

Milieu du XVIIème siècle
Constitution d'une grande puissance théocratique protégée par les Mongols, indépendante de la Chine. NGAWANG GYATSO, cinquième Dalaï Lama, fait restaurer et agrandir le Potala, renforce l'unité du pays et le dote d'un système de gouvernement centralisé qui dura jusqu'en 1950.

A partir de 1720
Intervention étrangère au Tibet (désordre dans la société tibétaine). Les Mongols puis les Chinois assurent une forme larvée mais amplement établie de protectorat sur le Tibet, qui s 'est prolongée tant bien que mal jusqu'en 1912.

Reconnaissance de THUBTEN GYATSO comme treizième Dalaï-lama, artisan de la reconquête de l'indépendance du Tibet.

XXème siècle

1904
Expédition militaire britannique du Colonel Younghusband au Tibet.

1909
Les forces impériales chinoises de la dynastie Mandchoue envahissent le pays, et sont expulsées.

1913
Proclamation de l'indépendance du Tibet. Le 13ème Dalaï-lama va donner au pays de nombreuses réformes sociales et économiques, qui seront effectives jusqu'à l'invasion chinoise en 1950.

1939
Intronisation de l'actuel et quatorzième Dalaï-lama, TENZIN GYATSO.

1950-1951
Invasion du Tibet par l'armée rouge chinoise.

Mars 1959
Soulèvement du peuple tibétain à Lhassa, la capitale, et fuite en exil du Dalaï-lama en Inde, et de son gouvernement, suivi de 80000 Tibétains.

A partir de cette date commencent les années noires pour le Tibet, surtout avec la révolution culturelle chinoise : famines, persécutions religieuses, destructions de temples et monastères, massacres des populations.

1965
Les autorités chinoises découpent le Tibet en trois zones. Création de la soi-disant "Région Autonome du Tibet".

1989
Le quatorzième Dalaï-lama, TENZIN GYATSO obtient le Prix Nobel de la Paix.

En mars 1989, instauration de la loi martiale au Tibet, par le gouvernement chinois, qui sera levée officiellement en 1990.

1994-1995
Ces années sont marquées par l'ingérence croissante dans les affaires religieuses au Tibet : interdiction de vendre et de détenir des photos du Dalaï-lama, propagande politique dans les monastères, mise en détention au secret de GENDUN CHOEKYI NYIMA, alors enfant de 6 ans, qui avait été reconnu selon la tradition par le Dalaï-lama comme la réincarnation du 10ème Panchen-lama.

2000-2003
Après de nombreuses vaines tentatives, notamment à partir de 1979, de régler le problème tibétain, de nouveaux essais de négociations entre le gouvernement tibétain en exil en Inde et le gouvernement chinois sont instaurés, pour résoudre la question tibétaine.

L'EXIL
Aujourd'hui encore de nombreux tibétains fuient leur pays pour aller se réfugier en Inde, au Népal, au Ladakh, au Bhoutan. Des enfants (plusieurs milliers) sont amenés du Tibet par leurs parents, afin d'échapper à la colonisation chinoise, et pour essayer de sauvegarder la culture et la langue tibétaines. De nombreux camps de réfugiés se sont créés au Nord et au Sud de l'Inde (Dharamsala, Kulu Manali, Choglamsar, Mainpat, Bylakuppe), formant des villages. Des écoles donnent aux enfants une éducation en même temps traditionnelle et moderne. Les autorités de chaque village s'efforcent de donner du travail aux chefs de famille, mais l'avenir des jeunes est limité. Ces camps ne survivent que grâce aux dons de divers organismes humanitaires et aux actions d'associations du monde entier. A Dharamsala, autour du Dalaï-lama, se sont constitué un Gouvernement et un Parlement de type démocratique. En exil, les réfugiés tibétains s'efforcent de perpétuer leur culture, si riche et de la transmettre à leurs enfants, tout en gardant profondément en eux le désir de retourner au Tibet. Un Tibet qu'ils veulent avant tout libre, moderne et ouvert au monde.